Je t'aime, Félix.

Parfois, je me demande comment le destin a fait pour que nous nous rencontrions. S'était un scénario étrange, des choses qui ne devraient pas arriver... pourtant, te voici, un an et demi plus tard, à être à mes côtés. C'est quand j'fais des crises à pu finir en plein milieu de la nuit pendant des heures que je me demande pourquoi tu restes, pourtant, j'pourrai jamais assez remercier le ciel de t'avoir mis sur mon chemin mais de ne jamais t'avoir enlevé. Je t'aime.

Malgré tous les médicaments et les maladies que j'ai, t'es capable d'me regarder pis d'me dire que j'suis saine d'esprit - quand même. Que mes idées ne sont pas stupides, et que mes buts sont atteignables. Pourtant, on ne me l'a jamais dit.

Malgré les boutons qui envahissent mon visage et mon embonpoint, t'es capable de me dire que je suis belle et, chaque fois que je reçois ce compliment et que j'en souris, tu ajoutes que mon sourire est le plus beau, malgré mes dents dont il fallait mettre des broches en jeune âge, et tu caresses ma joue disant que ma peau, c'est la plus douce. Dans l'fond, c'est vrai que t'es daltonien; t'as de la difficulté à voir le rose, le vert et le jaune, mais aussi les défauts de ta blonde malade mentale.

Parce qu'avant de savoir que j'étais folle, on te l'avait dit. On t'a dit que j'étais manipulatrice, pis tu m'avais vu en faire des belles - surtout, tu m'as vu gardé le silence là où ma voix aurait mérité d'être entendu. Et lorsque personne ne s'en rendait compte, toi, bien sûr, tu le savais. T'as toujours su me lire comme un livre même si j'savais même pas encore ton nom.

Mes cicatrices, y t'ont jamais dérangées. Parfois, j'ai l'impression que toi aussi, t'es vois comme des blessures de guerre. Une guerre qui a duré trop longtemps et qui n'a pas toujours rentré chez elle, comparativement aux troupes américaines.

Des fois, j'me demande si tout ça, c'est pas un jeu d'acteur. Si tu fais pas exprès car, de toute façon, toutes les filles qui ont le béguin sur toi sont comme ça. Folles, pas belles, étranges... et c'est quand je vois l'étincelle dans tes yeux que j'vois ben qu'non. J'vois que, étrangement, t'es sincère. Que quand tu me dis que tu m'aimes, chérie, que c'est vrai.

Dans l'fond, le gars qui commente mes articles, mes vidéos et qui me prépare à déjeuner pour que je prenne mes Cymbalta, m'aime. Celui qui, contrairement aux autres adolescents, comprend certains traumatismes, comprend pourquoi ci, pourquoi ça. Celui qui ne veut pas que mon corps, malgré qu'il le trouve à croquer. J'suis peut-être folle, mais je t'ai toujours trouvé fou, toi aussi. Parce que tu m'aimes et que ton amour ne cesse de grandir, malgré les crises les plus mongoles jusqu'à cette nuit lorsque je ne cessais de faire le bacon - dans le fond, avoir pu être une autre fille pour te plaire, j'l'aurais été. Parce que tu restes, et ce, malgré tout. Désolé de faire en sorte que tes p'tits yeux fatigués embellissent ton visage qui m'fait des toasts le matin.

Tu viens d'me donner mon napperon, avec le plus beau des sourires, pis aussi ton regard pétillant. "Tu mangeras quand tu voudras", qu'tu m'a dis, car tu sais que quand j'écris, j'm'arrête pu, et que t'auras le malheur de tout lire ça même si tu cesses de me dire que s'pas grave, t'es lis pareil, que c'est "intéressant". 

Mes cheveux sont gras, ma face brûle, mon linge est plein d'poil de chats... pis tu m'trouves belle... ben moi, j'te trouve ben beau. Avec ta barbe, ton linge décontracté, avec tes façons. J'aime me coucher à tes côtés pis me dire que t'es aussi fidèle que ma meilleure amie. Merci pour le verre de lait - pas de vache, de soya - qu'tu viens d'm'apporter.

Merci d'venir me laver quand j'm'endors dans l'bain - ou même dans douche - car j'm'épuise moi-même, merci d'me remettre la couverte dessus quand y fais froid pis d'me demander si j'veux le snuggie, merci de répéter vingt fois ce que tu dis parce que j'comprends pas. Merci de m'emmener en auto même si parfois j'suis sûre que t'aurais envie de pogner le premier fossé, merci d'être capable de changer de vitesse même si j'ai eu le malheur de m'endormir sur ton bras vu que j'ai l'malheur de m'endormir partout dans le fond. Merci d'la poussière que tu viens de m'enlever d'mes cheveux d'épouvantail. Merci des fois où qu'tu m'fais des crêpes pis du riz super bon. Merci de m'accompagner quand j'fais mes commissions pour la seule raison que j'trop imbécile pis anxieuse faire ça tout seule. 

Je t'aime, Félix.