La vérité du cours de sciences de secondaire 1

Sérieux, je devais faire ça vu que ça fait longtemps donc c'est passable de le dire... et que, cinq ans plus tard, c'est convenable. Je suis désolé aux gens que j'ai choqués, outrés, même traumatisés - je me fais peur moi-même. Cet incident me traverse l'esprit sans cesse, sept jours sur sept, et je crois qu'avec tous les mensonges dont j'ai pu dire aux psychologues et à mes amis, et tant qu'à y être, pourquoi pas aux professeurs et aux parents, la vérité mérite d'être dite. J'ouvre mon coeur sur mon blogue et cela semble pitoyable, j'en suis consciente, mais c'est la chose à ce jour dont je me sens le plus coupable et je crois que dire la vérité fait du bien. Au départ, je voulais écrire un livre sur la mutilation, mais je me suis vite rendu compte que nul dans mon esprit parvenait à inventer une histoire sans par d'abord passer par le mienne. Donc voilà, cet évènement s'est passé en cours de sciences avec Lise Tourangeau, groupe 11, secondaire 1, 12 mars 2010, lors de la dissection d'une boulette de hibou. Mes excuses vont à la technicienne et Lise, mais notamment à Kelly qui fût le plus troublée - je t'aime, et jamais je n'ai voulu causer un tel geste si j'en aurais eu conscience... bon, je vous laisse à la lecture, je voulais que faire un p'tit intro poche.

Je regarde mes poignets. Un vrai désastre, que je me dis. Lorsqu'on rencontre des "spécialistes", dur il est de leur raconter ce qu'il nous ait vraiment passé par la tête lors de cet incident - de ces incidents. Il est dur d'expliquer la rage et l'impulsivité qui nous emportent et qui font en sorte que nous nous infligeons des blessures qui, malheureusement, peuvent rester cicatrisées jusqu'à la fin de nous jours. Contrôle-toi, qu'on ne cesse de me dire, comme si je n'étais qu'une imbécile qui ne savait rien faire. Merci, avoir su que seulement me contrôler aurait pu me sauver la vie! Je suis tannée qu'on me prenne pour une idiote. Être aussi malléable qu'un pantin, jamais je n'aurais fait autant de conneries, pas vrai? Dans le fond, y a un début à tout, mais rare semblent les moments où il y a une fin...

Bureau du directeur, madame Caroline Arcadi en remplacement de monsieur Patrick Bernier, 12 mars 2010 à 2h22. On me fait chier. On me pose des questions dont je n'ai pas envie de répondre. Dans le fond, des questions, je m'en poserais aussi. Je suis arrivée au cours de sciences... bah, comme tout le monde, en fait. On se met en équipe de laboratoire, on se fait donner ce qui est sensé être du régurgit de hibou (une "boulette", ils disent) ainsi que plusieurs instruments servant à dissequer cette dernière... la "boulette", je parle. Tout se déroule bien... en fait, le travail, s'était de dissequer afin de trouver les os et de reconstituer le rongeur que le hibou aurait probablement bouffé - à beaucoup, ça foutait la chienne - j'avoue que, aujourd'hui, je ne sais pas si toucher une carcasse me semblerait tout aussi amusant - du moins, s'était scientifique. Ma coéquipière, Kelly, s'en va poser une question, je crois. Et c'est là que mon cerveau s'est arrêté. C'est la que je n'ai plus compris. Je ne me rappelle que d'avoir la lame dans mes mains et, ensuite, que mes bras saignent et que mon polo Havre-Jeunesse ne parvient pas à camoufler mes avant-bras. Je me souviens de la technicienne, aux dents croches mais toujours souriante, qui avait cessé son émotion faciale tel une actrice dans un magazine pour un vissage horrifié - pendant que celui de Kelly était pétrifié. La classe, j'imagine qu'elle était choquée, mais je ne m'en souviens plus. On va probablement me juger, je ne veux plus jamais revenir ici, que je me disais. La technicienne, dont j'ai le nom au bout de la langue, titube des mots dont je ne parviens à comprendre et me traine littéralement dans les escaliers - elle tenait mon bras très fort, jamais je n'avais vu quelqu'un m'agripper et m'emmener de la sorte, même pas ma mère. Je lui posais des questions, mais elle ne répondait pas. Les marches d'Havre-Jeunesse me semblaient aussitôt plus longues qu'elles ne l'avaient jamais été et je tentais désespérément de ne pas perdre équilibre - elle me tenait si fermement et avançait avec tact mais également avec vitesse. On m'emmène dans la salle de télécopies, là où nous, les élèves, allons souvent lorsque nous demandons à la secrétaire si nous pouvons faire des appels "gratuits", étant donné notre pauvreté ne nous permet pas d'utiliser les téléphones dits publiques. À l'aide du lavabo fournit dans la pièce, une guide-élève me nettoie, m'assurant que ces blessures vont partir puisqu'elles ne sont pas creuses. Elle tente également de comprendre ce que je ne pouvais même pas comprendre moi-même: le pourquoi du pourquoi. Je récite et je dois me creuser les méninges pour m'en souvenir... Bref. Elle me nettoie, désinfecte et ne met qu'un pansement sur la première cicatrice de mon bras gauche qui, elle, était la première infligée. Elle saignait toujours. La boule de ouatte et le ruban adhésif in-dé-co-ll-a-b-le me faisaient sentir comme une blessée - mais pas le genre de blessée assez stupide pour s'avoir infligé les blessures elle-même. Après cela, le bureau du directeur m'attendait - oh non, mes peurs étaient fondées d'avance! Ma crainte, à cet instant précis, était divisée en deux parties: que ma mère le sache et que j'aille un dossier criminel. Oui oui, secondaire un, je me demande si j'aurai un dossier criminel car je me suis ouvert de la putain de peau. Il y a une chose, par contre, qui me tuait l'esprit: plus tôt dans l'années, deux filles (dont je me souviens parfaitement des noms mais dont je ne dirai pas par politesse) s'étaient littéralement ouvert les veines en cours d'anglais avec Karine Lapointe à l'aide de morceaux de miroir trouvé et déchiqueté en mille miettes. Eux, personne n'est venu les voir en les traînant dans les escaliers (chanceuses, elles auraient été un étage plus bas!) et en leur donnant une fin aussi dramatique que la mienne. Mais eux, EUX, elles étaient conscientes de leur geste! Elles savaient qu'elles s'avaient ouvert les veines! Volontairement, en plus! Alors que moi, non. Je ne savais ce qui s'était passé, et même quand je le demandais, on me répondait des trucs totalement absures du genre tu t'es ouvert les veines (merci de l'information, wow!) et tu regardais le tout en était fascinée et tu riais... ouais bah ça, j'en doute. Car c'est lorsque j'attendais pour le directeur et c'est lorsque que son bureau se fût enfin libéré que le drama a débuté. Depuis le début, je ne voulais que ma mère le sache. Dans ma tête, je savais sa réaction: elle allait me juger sans cesse, me rappeler à quel point cet acte et stupide et elle allait me juger pour le restant de mes jours. Lorsque je suis entrée dans le bureau, il y avait la technicienne, la prof (Lise Tourangeau) et le directeur. Je me sentais intimidée par leurs questions et, à mon grand désaroi, ils m'ont répondu qu'ils devaient lorsque je leur ai demandé s'il était possible que nous évitons d'en discuter avec ma mère. J'ai donc éclaté en sanglots plus que je sanglotais déjà. Je les suppliais, j'aurais pu prié s'il fallait. Ils avaient une certaine compassion mais me disaient tout de même qu'ils devaient puisque je n'avais pas l'âge de la confidentialité (bravo, on cache les avortements mais les entaillures de poignets, ça faut rendre le tout public au sein familial!). Étouffée dans mes pleurs, je leur dit le numéro, soit 450-222-1069. Ils composent l'appel longue distance en leur informant de la situation. Je tentais d'entendre, s'était inutile : je ne pouvais rien écouter ce qu'elle disait, alors je ne cessais de m'imaginer des scénarios. Ils m'ont donc passé l'appareil et ma mère était bouleversée... oui oui! Ma mère, Mélanie Bergeron, trente-quatre ans, bouleversée! S'était à n'y rien comprendre, je croyais que s'était le monde à l'envers! L'école panique et ma mère "comprend"... what the fuck, qu'on s'dit. Elle me demande des pourquoi que je me tente de répondre avec des "je sais pas" sanglotés, elle me demande si je suis correcte, elle dit qu'à la maison je dois lui montrer le tout. Elle semble avoir plus de peine que de rage et, personnellement, ça me faisait plaisir, car je savais qu'il n'y aurait alors pas d'engueulade - du moins, une moins pire que j'anticipais. Au moment de raccroché, Nico dit à ma mère (car il n'allait pas à l'école dans ce temps-là): c'est quoi a faite, encore? Et j'ai rit avant de raccrocher, racontant le tout à mes intervenants sous prétexte de ne pas paraître plus folle que je le semblais déjà. L'appel avec ma mère m'avait soulagée. Cependant, après les blabla des enseignants, je me suis rappelée une chose: les cours n'étaient pas finis. Je suis arrivée en retard à mon cours de français (avec l'excellent Mathieu Soucy). Je me souviens, j'étais dans les corridors et déjà là, je me sentais jugée. J'avais donc deux choix: montrer ouvertement mes cicatrices encore fraîches ou bien mettre mon chemisier de pyjama que je détenais dans mon sac (je l'avais emporté pour montrer à mes copines à quel point je le trouvais beau). Par contre, il était jaune ligné de toutes les couleurs possibles alors je me retint de le mettre - les gens allaient rire de ce que j'appelais ma veste de clown. Je pris mes cahiers et, le plus discrètement possible pour que personne ne remarque que j'existais (à ce temps-là, être six pieds sous terre m'aurait fait énormément plaisir), je m'assieds à ma place en silence, donnant mon papier de motivation d'absence à l'enseignant et me fouinant dans mes cahiers. Du coin de la classe, on m'appelle. Emy, Emily, Marilou et compagnie. On me propose de venir avec eux. J'acquiesse, malgré moi. Elles me disent que, s'il y a de quoi, elles peuvent m'aider. Marylou Harton m'emporte avec elle dans le corridor afin de m'expliquer qu'elle comprend exactement et que si jamais je devais parler, elle était là - ça m'a fait chaud au coeur. Dans la classe, je me sentais comme si on comprenait, par contre, il manquait Kelly et s'était la seule à qui je voulais parler - même si, pour elle, j'étais la seule personne qu'elle voulait éviter. Et je n'ai pas travaillé de toute cette quatrième période. Je suis donc arrivée chez moi, ce soir-là, et ma mère a voulu voir, paniquant encore comme si nous étions au téléphone. Tu vas cacher ça pour demain (la fête à ma soeur). Oui oui, que je m'empressai de dire. Je sautai à ma chambre après sa série de questions et de pourquoi, non seulement afin d'éviter ma soeur (qui le savait déjà, grrr) mais également pour trouver le chandail à manches longues parfait pour son anniversaire d'onze ans. Waouh, ma chemise carrotée blanche et noire! J'ai du la porter des centaines de fois étant donné que tous les autres chandails dont je possédais étaient des manches courtes - merde de merde! Je dormais dans ma chemise de clown, également. J'avais honte de moi. Le lendemain suivant, au party de fête, nul de dire que j'avais honte et que je me faisais aussi petite que je me sentais dans mes "short". Le lundi de cours suivant, j'ai eu droit à la pire discussion de tous les temps en éducation physique. Cristina, ou Krystina, qu'elle s'appelait, m'a fait sentir comme la pire des merdes (comme si ceci n'avait pas déjà été fait!). Elle me disait que, pour m'aider (wow, t'appelles ça de l'aide!) elle allait m'emmener magasiner des rallonges ainsi qu'une coupe de cheveux car ils étaient laids, des lentilles de couleur pour changer ma couleur de yeux, du maquillage pour me rendre plus belle, une Wii Fit (UNE PUTAIN DE WII) pour me faire maigrir ainsi qu'un portable, du nouveau linge étant donné la "beauté du mien", une manucure pour mes ongles démolis... bref, elle en avait ajouté plus, mais ça avait été assez pour démolir ce qu'il me restait d'estime - mais également, assez pour ne pas lui parler, donc ces évènements ne ce sont jamais produits - tant mieux! Ces choses auraient fait de moi probablement quelqu'un de plus belle, mais alors? Kelly avait changé de case pour être avec Krystina, j'étais donc seule. La sollitude m'habitat tel que l'écriture avait recommencé à me hanter... un vrai baume, ça.

La petite intimidation dont j'ai vécu "grâce" à cette histoire sera à toujours imprimée dans ma mémoire et pour tous ceux qui ont osé faire une joke chienne, même si je vous parle et souris, je vous déteste. Car vous avez jugé sans savoir. Venir me voir avec un exacto me demandant comment j'ai procédé, raconter mon histoire aux nouvelles élèves en y ajoutant des mensonges, me dire "moi au moins j'me coupe pas les bras", rire de l'évèmement, me traiter d'emo et encore plus sont des choses que vous auriez pu éviter de faire en fermant votre ostie de grande yeule sale. Lepage, Julien, Camille et Johanie, vous avez été méchants durant seulement un projet de sciences de secondaire deux avec Richard et tsss, ben contente de pu vous voir. Simon, j'me souviens encore d'la fois où tu m'as mimé de la mutilation pour me faire réagir - oué, j't'en veux encore. Havre-Jeunesse, j'vous en veux pour vos commentaires désagréables dans les corridors - moi qui croyait qu'il ne pouvait y avoir pire que pute! comme insulte. Bref, y en a eu d'autres, je sais. Mais ceux-là, c'est ceux dont je me souviens. M'imiter en train de me mutiler alors que je n'avais aucune criss d'idée, et que j'en ai pas plus aujourd'hui, de ce qui s'est passé cette journée là est une des choses les plus stupides dont vous avez faites, probablement. Inutile de ne pas y penser lorsque les cicatrices sont présentes sur les bras, malgré qu'elles soient très estompées, chaque jour. Oui, cinq ans plus tard.

Bon, m'a aller déjeuner, s'était encore un texte plate écrit entre éveil et réveil.

Commentaires

  1. Le plus triste c'est que tu ne sais même pas pourquoi tu l'as fait toi même, alors que certaines personnes soient venues te dire des conneries comme ca, c'est juste totalement con. Y'a personne qui pouvait savoir ce que vivais et comment tu pouvais te sentir à l'intérieur de toi. Y'en a qui ont été très gentils avec toi, mais ceux qui t'ont intimidé pour ca, c'est juste une bande de cons. Juste te dire que moi, jamais je te jugerai. Je t'aime xxx

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