Les pilules amaigrissantes

Les pilules amaigrissantes étaient là... et moi aussi. Il y a longtemps que je les zieutais; moi qui rêve tant d'être mince. Je lis les instructions. Je regarde mon amoureux. Non, qu'il me dit d'un hochement de tête. Je le supplie du regard et il finit par cesser; d'accord, tu les veux vraiment? Oui, je les veux vraiment. Car depuis que je suis jeune que je me trouve grosse, depuis les premiers étés au centre de la nature à Laval que ma bedaine me hante, le soir quand je me lave et que je fais face au miroir j'ai envie de mourir de me pogner le gras de ventre et de voir mes cuisses doubler de largeur lorsque je vais aux toilettes. Je tente de manger le mieux possible, le plus santé, le moins gras, j'ai envie de pleurer de culpabilité si je mange du restaurant. Je suis restée triste le restant du magasinage; je ne les ai pas prises à cause des effets secondaires. Pourtant, 3$... au pire, je serais restée gros torche. "Tu vas manger quand même?", que m'avait demandé Félix. J'ai beau faire toutes les exercices du monde, bien manger, boire de l'eau en quantité industrielle et tenter de penser positif; ça marche pas. Mon poids ne cesse d'augmenter tel une flèche. Si Dieu ne m'a pas donné la beauté, alors pourquoi je n'ai pas la minceur? Pourquoi ne pas avoir au moins une bonne caractéristique? Je me hais sérieusement. J'aurais du les prendre les calices de pilules. Malgré les effets secondaires, malgré tout. Parce que peut-être que, pour une fois, on aurait cessé de rire de moi - du moins, de mon poids. J'aurais été mince. J'aurais osé porté un maillot deux pièces - au moins il ne serait pas digne du corps de Lumpy Space Princess. Bref... encore du chialage.